Lorsque j'appuyais sur la porte pour l'ouvrir, elle ne bougea pas. Je pestai, faiblement réchauffée par le feu qui flambait dans ma paume.
*Souvenirs, souvenirs, où êtes-vous ?*
Je me passais la main dans les cheveux en me demandant ce qu'il fallait faire. Entrer sans prévenir et par effraction serait impoli, sonner à cette heure serait impoli et partir sous cette pluie de merde et dans ce noir complet... Impossible. Sans vouloir me l'avouer, j'ai trop peur. Soudain, je me griffe la paume sur une épingle qui séjournait dans mes cheveux. Je l'enlevais, et une idée me vint. Ce ne serait pas une effraction vu que je ne casserai rien. Et on m'accepterai sûrement : c'est un pensionnat, alors... Je tords l'épingle, la glisse dans la serrure jusqu'à ce que j'entende un léger cliquetis. Je sors la pince et la tords plus convenablement, et parviens cette fois à ouvrir la porte.
- Qu'est-ce que je pouvais bien être avant ? Pour savoir crocheter des serrures comme ça... J'étais peut-être une grande espionne, et en ce moment des dizaines de personnes me recherchent car j'étais leur meileur élément..*
J'entrais en continuant de révasser et m'arrêtais net. Le hall était une grande pièce... sombre. Des échafaudages plongés dans le noir entouraient la salle, et la lumière était insuffisante. Je posais ma poignée de flammes sur le sol, en veillant à ce qu'elle ne le noircisse pas, et je la transformais en un feu de joie qui éclairait la totalité de la pièce. Je me transformais en loup et m'ébrouais, puis repris forme humaine. Un peu plus sèche, je m'assis sur le sol, toujours méfiante, et ma main se posa sur le pommeau de mon épée.
* Ou alors, une grande guerrière... On a dû se mettre à cent pour me battre, mais je suis pourtant encore vivante...*
Réconfortée par ces idées stupides, j'oubliais peu à peu le néant que contenait mon esprit, habité des seuls souvenirs des deux derniers jours.